top of page
Photo du rédacteurTRIVERO Aymeric

Copropriété : les dangers du recouvrement de charges réalisés selon l’Article 19-2 de la Loi de 1965”

L’article 19-2 de la loi du 10 juillet 1965 offre aux syndicats de copropriétaires un levier puissant pour accélérer le recouvrement des charges impayées.


Cependant, cette procédure comporte un risque majeur : l’irrégularité de la mise en demeure. Une erreur dans ce document peut entraîner des conséquences irréversibles, comme le montre une récente décision de la Cour d’appel de Rennes.


Une Mise en Demeure au Cœur de la Procédure


L’article 19-2 impose une condition préalable indispensable à l’action du syndicat : la mise en demeure du copropriétaire défaillant. Celle-ci doit :


• Être rédigée avec précision, mentionnant les sommes exactes dues, les dates d’exigibilité et les conséquences légales en cas de non-paiement.

• Respecter les délais légaux, à savoir un délai de trente jours entre la réception de la mise en demeure et l’engagement de la procédure.


La Décision de la Cour d’appel de Rennes : Une Sanction Irrémédiable


Dans une affaire récente, la Cour d’appel de Rennes a statué sur une procédure engagée par un syndicat de copropriétaires visant à recouvrer des charges impayées.


La mise en demeure envoyée par le syndicat présentait des irrégularités :


• Absence de détails précis sur les montants exigibles et leurs fondements juridiques.

• Non-conformité avec l’article 19-2, rendant la mise en demeure illisible et non opposable au copropriétaire défaillant.


La Cour a jugé que ces défauts rendaient la mise en demeure irrégulière, entraînant l’irrecevabilité de toute la procédure.


Les Conséquences d’une Irrégularité


1. Décision au Fond : Pas de Retour en Arrière


La Cour d’appel a rappelé que la régularité de la mise en demeure est une question de fond. Une fois la décision rendue, elle produit l’autorité de la chose jugée. Si la procédure est déclarée irrecevable en raison d’une mise en demeure irrégulière, le syndicat ne peut pas réengager la même action sur la base d’une nouvelle mise en demeure pour les mêmes créances.


2. L’Appel : Une Voie de Recours Limitée


Bien que l’appel reste possible, il ne permet pas de corriger les vices initiaux de la mise en demeure. La Cour d’appel ne peut que confirmer ou infirmer la décision de première instance, mais elle ne pourra pas réparer une erreur procédurale ou substantielle commise au départ.


3. Conséquences Financières et Juridiques


L’échec de la procédure peut engendrer des coûts élevés pour le syndicat :

• Perte de créances importantes en raison de l’irrecevabilité.

• Condamnation à des dommages et intérêts ou au paiement des frais de justice du copropriétaire assigné.

• Difficulté accrue pour le syndicat de maintenir la gestion financière de l’immeuble.


Les Enseignements à Tirer


Pour éviter de tomber dans ce piège, les syndicats de copropriétaires doivent faire preuve d’une vigilance accrue dans la rédaction et l’envoi de la mise en demeure.


Conclusion


L’article 19-2, bien que précieux pour sécuriser le recouvrement des charges, est un mécanisme rigoureux qui tolère peu d’erreurs. Une mise en demeure irrégulière expose le syndicat à un risque de rejet de la procédure, sans possibilité de retour en arrière. Il est donc impératif de maîtriser les exigences légales pour garantir une mise en œuvre efficace et conforme.



0 vue0 commentaire

Comments


bottom of page