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Photo du rédacteurTRIVERO Aymeric

La SCI : un outil stratégique pour les couples non mariés souhaitant organiser et sécuriser leur patrimoine immobilier




Dans un contexte où le mariage n'est plus systématiquement choisi par les couples, il est essentiel de trouver des solutions adaptées pour gérer et protéger leur patrimoine commun. Pour les couples non mariés, qu’ils soient pacsés ou en concubinage, l’acquisition et la gestion d’un bien immobilier peuvent soulever des difficultés juridiques et fiscales spécifiques. Parmi les outils à disposition, la Société Civile Immobilière (SCI) apparaît comme une option particulièrement avantageuse. Dans cet article, nous vous proposons de découvrir les atouts de la SCI pour les couples non mariés ainsi que les précautions à prendre pour en tirer pleinement profit.


I. Pourquoi la SCI est-elle intéressante pour les couples non mariés ?

1. Une solution flexible pour l’acquisition d’un bien immobilier

Lorsque deux partenaires non mariés souhaitent acquérir un bien en indivision (la solution par défaut), chaque membre est propriétaire à hauteur de sa quote-part inscrite dans l'acte d'achat. Cependant, l’indivision présente certaines limites :

  • Gestion complexe : Toute décision concernant le bien nécessite l’accord unanime des indivisaires.

  • Blocage potentiel : En cas de désaccord entre les partenaires, la situation peut rapidement se figer, voire aboutir à une vente judiciaire forcée.

  • Absence de protection : Le décès de l’un des partenaires peut entraîner des complications, notamment si les héritiers souhaitent vendre la part du défunt.

La SCI permet d’éviter ces écueils en offrant un cadre juridique mieux structuré pour gérer un bien immobilier. En constituant une SCI, les partenaires détiennent non pas directement le bien, mais des parts sociales de la société. Cela permet d’introduire des règles précises pour l’organisation, la gestion et la transmission du patrimoine immobilier.

2. Une meilleure protection du partenaire survivant

L’une des préoccupations majeures des couples non mariés est la protection du partenaire survivant en cas de décès. Dans une indivision classique, si l’un des partenaires décède, sa part revient automatiquement à ses héritiers légaux, ce qui peut exclure le concubin survivant du bien immobilier.

Avec la SCI, les partenaires peuvent organiser la transmission de leurs parts sociales de manière beaucoup plus sécurisée. Deux solutions principales existent :

  • La donation de parts sociales avec réserve d’usufruit : Chaque partenaire peut donner ses parts sociales à son concubin tout en conservant l’usufruit (le droit de jouir du bien). Le survivant bénéficie alors d’une protection tout en limitant les droits de succession.

  • La clause d’attribution préférentielle : Les statuts de la SCI peuvent prévoir que les parts sociales reviennent en priorité au partenaire survivant.

Grâce à ces mécanismes, il est possible de contourner la rigidité des règles successorales tout en protégeant les intérêts du survivant.

3. Optimisation fiscale et gestion souple

La SCI présente également des avantages fiscaux notables :

  • Réduction des droits de succession : La transmission des parts sociales peut être optimisée grâce à des mécanismes comme la donation de parts avec abattements successifs tous les 15 ans.

  • Choix du régime fiscal : La SCI est, par défaut, soumise à l’impôt sur le revenu (IR), mais il est possible d’opter pour l’impôt sur les sociétés (IS), ce qui peut être avantageux si les partenaires souhaitent amortir le bien immobilier ou réinvestir les bénéfices.

  • Déduction des charges : Dans le cadre de la location d’un bien détenu par une SCI, certaines charges (travaux, intérêts d’emprunt) sont déductibles, ce qui permet d’optimiser le rendement locatif.

La SCI offre par ailleurs une grande souplesse de gestion. Les statuts de la société peuvent être rédigés sur mesure pour définir les pouvoirs des gérants, les conditions de prise de décision ou encore les modalités de cession des parts sociales.


II. Comment créer une SCI en tant que couple non marié ?

1. Rédaction des statuts

La création d’une SCI nécessite la rédaction de statuts qui déterminent son fonctionnement. Ces statuts doivent être rédigés avec soin, car ils régissent :

  • La répartition des parts sociales entre les partenaires.

  • Les modalités de gestion du bien immobilier (désignation du gérant, pouvoirs, etc.).

  • Les règles de cession des parts (agrément en cas de vente, protection du conjoint survivant).

Il est vivement conseillé de se faire accompagner par un notaire ou un avocat spécialisé pour éviter les erreurs et anticiper les éventuelles difficultés.

2. Apport des biens à la société

Les partenaires peuvent apporter le bien immobilier à la SCI, soit en numéraire (argent) pour acheter un bien, soit en nature (un bien déjà acquis). Dans ce dernier cas, l’apport doit être formalisé par un acte notarié.

3. Formalités d’immatriculation

Une fois les statuts rédigés et signés, la SCI doit être immatriculée au Registre du Commerce et des Sociétés (RCS). Cette étape donne naissance à la société et lui confère une existence juridique distincte.


III. Les précautions à prendre pour les couples non mariés

1. Une gestion équilibrée des parts sociales

Il est essentiel de bien définir la répartition des parts sociales en fonction de la contribution financière réelle de chacun. À défaut, des conflits peuvent surgir, notamment en cas de séparation.

2. L’anticipation des risques de séparation

Les statuts de la SCI doivent inclure des clauses précisant ce qu’il advient des parts sociales en cas de séparation. Par exemple :

  • Une clause de rachat forcé permettant à l’un des partenaires de racheter les parts de l’autre.

  • Une clause d’agrément imposant l’accord de l’un pour la cession des parts à un tiers.

3. La fiscalité en cas de donation ou transmission

Il convient d’anticiper la fiscalité applicable aux donations ou transmissions. En l’absence de lien de parenté, les partenaires non mariés sont soumis aux droits de mutation à titre gratuit au taux de 60 %. La SCI permet de réduire cette imposition, mais des précautions doivent être prises (donations anticipées, réserve d’usufruit, etc.).


Conclusion

Pour les couples non mariés, la SCI constitue un outil juridique et fiscal particulièrement efficace pour sécuriser et organiser leur patrimoine immobilier. Elle permet de contourner les écueils de l’indivision, de protéger le partenaire survivant et d’optimiser la transmission. Cependant, la création et la gestion d’une SCI nécessitent une réflexion approfondie et un accompagnement professionnel pour anticiper les difficultés et rédiger des statuts adaptés.

En tant qu’avocat spécialisé en gestion de patrimoine, je recommande aux couples non mariés de se tourner vers la SCI comme solution stratégique, tout en prenant le soin de formaliser chaque étape avec rigueur pour sécuriser leur avenir.

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